Leur vision est leur premier atout, elle est faite pour les aider à se protéger. Avoir une idée de la manière dont voit votre cheval vous aidera à anticiper certaines de ces réactions, ou au moins à les comprendre à posteriori.
Pour bien comprendre certaines réactions du cheval, il est important de ne jamais oublier une chose : à l’état naturel, le cheval est une proie (contrairement à nous qui sommes des prédateurs). De ces milliers d’années d’existence, les chevaux ont gravé dans leur génétique et dans leur instinct des réflexes liés à leur condition première, bien qu’ils soient aujourd’hui sous la protection de l’homme.
Un œil imposant
Vous le savez, l’œil du cheval est gros. Plus encore, il fait partie des mammifères ayant les plus gros yeux du monde : seuls les baleines, les phoques et les autruches auraient des yeux plus gros que lui. De cette manière, mais aussi grâce à sa pupille horizontale, le cheval a une vision large, panoramique et puisque beaucoup de lumière peut pénétrer dans l’œil, il y voit plutôt très bien dans des lumières crépusculaire.
Contrairement à nous, le cheval a la pupille carrée. Ajouté au fait que ses yeux sont positionnés de manière latérale (vous l’aurez remarqué), cela lui permet d’avoir très peu d’angles morts dans sa vision : un cheval voit approximativement à 340 °, soit de sa hanche droite à sa hanche gauche. Cependant, il ne voit pas sous lui !
Un champ de vision avec quelques zones d'ombre
Très tôt, on apprend qu’il ne faut pas passer derrière un cheval sous peine de prendre des coups de sabots. Plus tard, on apprend que c’est parce qu’il ne voit pas ce qu’il se passe derrière lui, et que du coup on risque de le surprendre. Or personne n’aime être surpris. Et comme il a un très lourd passé de proie, lorsqu’il a peur, le cheval se défend.
Le point de vision aveugle du cheval à l’arrière de sa tête est bien connu. Mais il en a deux autres, voire trois, qu’il est important de connaitre quand on passe du temps avec eux :
> le cheval ne voit pas sous lui
S’il voit très bien l’herbe lorsqu’il baisse la tête, il ne voit absolument pas ce qui se passe sous son encolure, jusqu’à environ 1.20 m devant ses antérieurs. Il est donc important de faire attention pour lui à ce qui se passe sous cette zone, notamment lors du pansage, si vous ne voulez pas le surprendre.
> le cheval ne voit pas derrière sa tête
Vous me direz, c’est une extension du fait qu’il ne voit pas ce qui se passe derrière lui. Oui, mais souvent on oublie : lorsqu’on est sur son dos, le cheval ne nous voit pas. Aussi, un geste brusque qui arrive dans son champ de vision peut lui faire peur, que ce soit parce qu’on étend le bras pour montrer quelque chose, qu’on enlève un manteau, qu’on bouge un stick ou une cravache… En général les chevaux sont sensibilisés à tout ceci, et on ne risque rien. Il se peut tout de même qu’un jour de moins bien votre cheval soit surpris et prenne peur, ou fasse un écart. Ne lui en voulez pas.
> le cheval ne voit pas au-dessus de lui
On a tendance à retenir que le cheval ne voit pas devant son front. Et pourtant, cela va un peu plus loin que cela. En effet, le cheval ne voit pas ce qui se passe au-dessus de lui, à moins de lever la tête. A l’état sauvage (on en revient toujours là), le cheval était une proie, il avait donc besoin de voir ce qu’il se passait devant lui pour pouvoir réagir et fuir en cas de besoin. Étant un (gros) animal du sol, peu de dangers risquaient d’arriver par le ciel. De ce fait, sa pupille horizontale lui offre un large point de vue panoramique, mais ne lui permet pas de voir en hauteur.
Sachant ceci, vous noterez l’importance de ne pas encapuchonner le cheval, surtout à l’obstacle (et du fait qu’on lui limite la vision en faisant ceci, cela peut être vu comme de la maltraitance)
Une toute petite palette de couleur
Votre cheval vous a déjà fait un écart en sortant d’une forêt et en se retrouvant face à un champ de colza sans raison apparente ? C’est normal ! Vous venez de le faire passer du gris, au jaune, sans transition.
En effet, alors que nous avons une avons une vision trichomatique, le cheval, lui, a une vision dichromatique. Sans entrer dans les détails techniques de l’optique, on retiendra que le cheval ne voit que deux couleurs : le jaune et le bleu. Tout le reste est un simple dégradé de gris (il ne voit ni le rouge ni le vert)
Une longue adaptation à la lumière
Vous lui avez déjà remarqué des difficultés lors qu’il rentre sur une zone d’ombre ? Ou pour rentrer dans le van par exemple… Ceci est du au fait que l’oeil du cheval met beaucoup plus de temps que le notre à s’adapter au passage de l’ombre à la lumière.
Vous avez surement vous-même déjà ressenti cette gêne, cette sensation de ne rien y voir pendant quelques secondes, que ce soit en passant d’un endroit très lumineux à un endroit sombre, ou l’inverse. Et bien pour votre cheval, c’est pire… Aussi il faut prendre le temps et prendre soin de bien avoir son attention dans des situations comme celle-ci, de s’assurer qu’il vous a donné sa confiance et de lui donner raison de vous l’avoir donné… Ce n’est pas le moment de discuter au téléphone ou de penser à autre chose : dans le cas d’un important changement de lumière, vous devez être complètement avec lui.
Malgré ceci, il faut noter que le cheval y voit très bien au crépuscule. Bien plus que nous ! (dans ces moments-là, c’est à notre tour de lui donner toute notre confiance) mais qu’il a plutôt peur du noir (rapport au fait qu’il soit une proie… encore et toujours !). Offrez-lui tant que possible un environnement lumineux.
La vue de votre cheval a un rôle très important dans la majorité de ses réactions. D’une manière générale, il y voit plutôt bien. Cependant, il a quelques zones d’ombres et il est important de retenir que lorsqu’il ne voit pas d’où vient le bruit qu’il entend, lorsqu’il n’a pas pu identifier l’auteur du bruit, il prend peur (un peu comme nous… Je doute que beaucoup d’entre nous faisons les malins de nuit lorsque nous entendons des bruits non identifiés…) et peut réagir violemment, par pur instinct !